La FEBEA, en partenariat avec Capgemini Invent, a entrepris une analyse sectorielle de double matérialité pour le secteur de la beauté en France, répondant ainsi aux nouvelles exigences imposées par la directive européenne CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive). Ce projet inédit vise à aider les entreprises du secteur à se conformer aux nouvelles normes de transparence et de reporting, en structurant les enjeux Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG) communs à l'industrie cosmétique.
Dans un environnement de réglementation de plus en plus exigeant, le secteur cosmétique doit faire face à des défis significatifs pour répondre aux nouvelles normes de reporting. La CSRD impose une attention particulière à la double matérialité, qui considère à la fois les impacts des activités des entreprises sur l’environnement et la société, ainsi que les impacts des enjeux ESG sur la valeur des entreprises.
En collaboration avec Capgemini Invent, la FEBEA a mené une analyse de double matérialité pour le secteur de la beauté en France suivant une approche complètement inédite sur le marché, permettant ainsi de confirmer et détailler les enjeux ESG spécifiques à l'industrie cosmétique pour alimenter les réflexions de toutes les parties prenantes de la filière. Ce projet avait pour objectif :
- D’aider les entreprises de la chaîne de valeur cosmétique à mieux se préparer aux exigences réglementaires croissantes en matière de transparence et de reporting, notamment dans le cadre de la CSRD.
- D’améliorer la comparabilité et le dialogue entre les entreprises du secteur pour croiser les regards autour des hypothèses d’impacts, risques et opportunités ESG de la filière.
- D’offrir une vision claire des enjeux ESG prioritaires et de leurs impacts sur le secteur pour alimenter les trajectoires ESG et business des entreprises, quelle que soit leur taille et niveau de maturité.
Précisions méthodologiques Pour mener à bien cette analyse, une approche participative a été adoptée, impliquant activement les adhérents de la FEBEA. L'exercice a débuté par la définition d’un profil sectoriel type, permettant d'identifier les risques et opportunités communs au secteur cosmétique. La collecte des données s’est appuyée sur une combinaison de documentation externe, de travaux préalablement consolidés par la FEBEA, ainsi que sur des entretiens individuels et collectifs avec des entreprises adhérentes. Cette démarche a permis de déterminer les enjeux matériels en se basant sur les normes CSRD et les standards internationaux, tout en évaluant les risques et opportunités associés. L’analyse a également pris en compte les notions de convergences et divergences apparaissant au sein du secteur quant à la qualification et la quantification des impacts, risques et opportunités ESG présents au sein de la filière. En raison de la diversité des stratégies et des modèles d’affaires, la cotation des enjeux s’est basée sur la position la plus fréquemment représentée lors des entretiens. Cette approche a permis de documenter la proportion de convergence tout en tenant compte des variations dans les perceptions des acteurs du secteur. Après l'analyse des données, 3 ateliers de co-réflexion thématiques ont été animés avec des sous-groupes de travail, et un webinaire a été organisé regroupant +130 adhérents pour présenter les résultats et recueillir les retours de ces derniers. Ces échanges ont permis de confirmer la bonne compréhension des résultats par les entreprises et d'ajuster les conclusions en fonction des retours reçus. Le processus de restitution a ainsi joué un rôle clé dans la validation des résultats et dans la préparation des adhérents aux exigences de la CSRD. |
Des résultats concrets et applicables de l’analyse de double matérialité à l’échelle de la filière cosmétique
L’analyse a mis en évidence deux résultats importants pour le secteur cosmétique : Un secteur fortement exposé aux risques et opportunités environnementaux, sociaux et gouvernance.
Le secteur cosmétique est exposé à des enjeux significatifs dans tous les domaines environnemental, social et de gouvernance.
Les produits cosmétiques, en raison de leurs volumes importants de production, ont des impacts notables sur les ressources naturelles et les personnes tout au long de la chaîne de valeur. La majorité des thèmes des ESRS (European Sustainability Reporting Standards) sont jugés matériels pour le secteur, à l’exception de certains enjeux sociaux spécifiques, notamment ceux concernant les « communautés impactées », qui sont considérés non matériels en raison du caractère indirect des activités de l’organisation. Les thèmes jugés les plus matériels concernent principalement :
- Le changement climatique et l’utilisation des ressources sur le volet environnemental
- La santé et la sécurité des consommateurs sur le volet social
- L’éthique des affaires sur le volet gouvernance
La matrice de matérialité, qui synthétise les grandes thématiques ESG identifiées comme matérielles, est disponible dans le document joint.
Un secteur composé d’entreprises diverses aux positionnements variés
La diversité des modèles d'affaires au sein du secteur rend difficile une étude parfaitement homogène (façonniers vs metteurs en marché, par exemple). Les perceptions des impacts varient considérablement selon les segments de marché et les pratiques spécifiques des entreprises. La consolidation des résultats permet une cotation représentative pour le secteur, bien que des variations soient attendues en fonction de la maturité des entreprises vis-à-vis des normes CSRD et des interprétations normatives. Les perceptions des acteurs de l'industrie montrent des divergences notables, notamment en raison des différences de maturité dans la mise en conformité avec la CSRD. Cette diversité dans les perceptions et les interprétations pourrait entraîner des variations dans les résultats de reporting au cours des premières années, bien qu'une convergence progressive soit anticipée à mesure que les pratiques se standardisent.
L’exercice de double matérialité réalisé constitue une première étape essentielle dans un projet CSRD bout en bout. Pour concrétiser cette ambition, trois phases clés ont été définies avec les adhérents pour conclure leur de mise en conformité :
- Tout d'abord à très court terme, l’adaptation de l’analyse de double matérialité et l'analyse des écarts par rapport aux modèles d’affaire des entreprises ;
- Ensuite à court-moyen termes, le déploiement du reporting CSRD à travers un plan d’action structuré ;
- Enfin à plus long terme, l’optimisation de la consolidation du rapport CSRD via une industrialisation IT pour faciliter la gestion des données de reporting.
Ces étapes permettront aux adhérents d’assurer leur mise en conformité sereinement sur la base des résultats atteints dans l’approche de DMA « filière ».
Une analyse apportant une valeur à la FEBEA et à ses adhérents
Cette analyse de double matérialité commune au secteur a apporté des bénéfices multiples pour la FEBEA et ses adhérents :
- Elle a d’abord permis d'évaluer le périmètre de reporting CSRD pour 2025 en identifiant les sujets matériels essentiels pour le secteur cosmétique, et a donc contribué à offrir une vision claire des risques et opportunités prioritaires de l’industrie ;
- En créant un cadre de compréhension partagé, l'analyse a également facilité le dialogue entre les parties prenantes et aide les entreprises à se préparer efficacement pour le reporting CSRD ;
- Enfin, en établissant une base commune d'analyse, elle a favorisé la comparabilité des performances ESG entre les acteurs du secteur, permettant une évaluation plus cohérente et transparente dans l’ensemble.
En conclusion, cet exercice de double matérialité sectoriel constitue un outil précieux pour la FEBEA et ses adhérents, leur permettant d'anticiper les exigences de la CSRD et de structurer leur approche des enjeux ESG de manière cohérente et comparable à l'échelle du secteur cosmétique.
En identifiant les enjeux matériels prioritaires et en facilitant le dialogue entre les parties prenantes, la FEBEA a non seulement aidé ses membres à se préparer efficacement au reporting CSRD, mais elle a également créé un cadre commun qui favorise la comparabilité et la transparence des performances ESG dans le secteur.
Cette initiative démontre la capacité de la fédération à offrir un soutien stratégique et opérationnel précieux, permettant à ses adhérents de naviguer sereinement dans un paysage réglementaire complexe et d'optimiser leur positionnement compétitif à long terme.