La transition vers une économie circulaire implique en effet de rompre avec la logique linéaire « fabriquer – produire – jeter » et de traiter comme des ressources les déchets que l’on produit.
Mais pour qu’un emballage cosmétique soit recyclé, plusieurs conditions doivent être réunies : il doit être trié correctement afin d’être récupéré par le biais du système de collecte des déchets, et recyclable, c’est-à-dire à la fois que les solutions technologiques existent et qu’une filière de recyclage puisse le prendre en charge. Les entreprises cosmétiques ont plusieurs leviers d’action, à différents stades de la vie d’un emballage, pour augmenter les chances qu’il soit effectivement recyclé.
Au moment de la production : une éco-conception qui favorise la recyclabilité
Lorsqu’elles choisissent les emballages destinés à contenir des produits cosmétiques, les entreprises cosmétiques prennent aujourd’hui pleinement en compte le caractère recyclable des matériaux utilisés. Ce n’est bien sûr pas le seul critère étudié, puisque l’emballage doit avant tout permettre la bonne utilisation du produit, ce qui peut se traduire par des emballages complexes (sprays, pompes) et rendre le recyclage plus difficile. Reste que sans conteste, d’importants efforts ont été faits ces dernières années pour qu’un nombre croissant d’emballages recyclables soit mis sur le marché. Plusieurs entreprises cosmétiques (Unilever, L’Oréal) se sont notamment associées à la Fondation Ellen MacArthur pour garantir 100% d’emballages recyclables, compostables ou réutilisables en 2025. *
Pour fermer la boucle de l’économie circulaire, les entreprises peuvent aussi choisir d’incorporer dans leurs emballages de la matière recyclée (attention : un emballage recyclé n’est pas forcément recyclable, et vice-versa !). Une telle démarche évite de produire à partir de matériaux vierges qui nécessitent l’usage de nouvelles ressources. Il faut concilier cette démarche avec la sécurité des produits, puisque la réglementation européenne sur les cosmétiques impose des exigences strictes concernant la qualité des emballages. La disponibilité de la matière recyclée de qualité peut aussi constituer un frein.
Au moment de la consommation : éduquer sur le geste de tri
Lorsqu’un consommateur a terminé un produit cosmétique, c’est lui qui détermine en partie le sort de l’emballage par le biais d’un objet banal : la poubelle. En effet, pour la majorité des Français, le tri sélectif est le geste écocitoyen qui concilie le plus aisément enjeux écologiques et vie quotidienne. Selon CITEO[1], 51% des Français sont aujourd’hui des trieurs systématiques. Un chiffre en progression de 3% par rapport à la dernière étude réalisée sur le sujet en 2017.
Encore faut-il savoir comment trier ses produits : si pour nombre d’entre eux, la question ne se pose plus, certains produits cosmétiques suscitent encore des interrogations. Les déodorants roll-on, les flacons de vernis à ongles[2] par exemple sont généralement cités parmi les produits les moins bien triés. Plusieurs raisons expliquent cette situation : on sait que le réflexe du tri dans la salle de bain est mal intégré dans les habitudes, puisqu’il est généralement fait dans la cuisine. Par ailleurs, le consommateur ne sait parfois pas quel geste de tri adopter et, dans le doute, préfère jeter un emballage avec les ordures ménagères.
Forte de ce constat, l’industrie cosmétique a décidé de réagir et de mettre en place, depuis plusieurs années, des initiatives pour mieux communiquer au consommateur le bon geste pour chaque type d’emballage.
Citeo, l’éco-organisme responsable de la filière emballages ménagers et donc partenaire des entreprises cosmétiques, propose un site https://www.consignesdetri.fr/ qui permet de trouver de manière intuitive dans quelle poubelle jeter les emballages de ses produits quotidiens (exemple ci-dessus avec les tubes de crème cosmétique).
En outre, certaines entreprises, comme L’Oréal et son site www.trionsenbeaute.fr, se mobilisent également pour que leurs communications au grand public (site internet, publicités) participent à la bonne information des consommateurs.
Ces efforts de pédagogie sont cependant compliqués par la variété des systèmes de collecte sur le territoire français. En effet, ce sont les collectivités locales (avec le soutien financier des entreprises) qui organisent le ramassage des déchets et l’aménagement vers divers centres de tri, ce qui conditionne ce qui peut ou non être recyclé dans un endroit donné. Cette situation va évoluer puisque les consignes de tri seront bientôt modernisées : la nouvelle loi sur l’économie circulaire prévoit que tout le territoire, au plus tard le 31 décembre 2022, passe en « extension des consignes de tri ». Tous les emballages pourront alors être jetés dans la « poubelle jaune » et acheminés vers des centres de tri capables d’orienter ces déchets vers les filières adaptées.
Plus d’informations :
[2] Étude TOP 100 du Geste de Tri 2017Données Ipsos pour Citeo et Adelphe https://www.adelphe.fr/sites/default/files/documentation/Etude-Top100-Adelphe_Citeo.pdf