Nous serions moins rivés sur la perfection, l’idéal, le nombre d’or. Les années à venir seraient celles de la singularité, des identités plurielles, du nouveau soin de soi et de l’environnement. On lit aussi que le regain des mouvements féministes réhabilite la notion de bien-être.
Tant mieux ! La cosmétique a toujours accompagné les mouvements de société, et donc remplira son rôle au cœur de ces nouvelles quêtes de bien-être des femmes au 21ème siècle.
Cependant, si la cosmétique a toujours servi à se parer, s’embellir, séduire, ce qui est universel, elle n’a jamais été « uniquement cela » dans sa valeur d’utilité.
Selon Gilles Lipovetsky, philosophe, « la cosmétique est une pratique qui renvoie à quelque chose de plus global que simplement esthétique. Depuis 35 à 40 000 ans, l’aventure humaine est inséparable des cosmétiques. La logique anthropologique est que l’humain n’accepte pas la nature telle qu’elle est, il transforme son apparence. On ne connaît pas de sociétés où des êtres n’essaient pas de s’améliorer. Aujourd’hui avec l’allongement de la vie, la cosmétique (avec la mode, la santé, la médecine) joue un rôle déterminant pour le maintien d’un physique attrayant. Plus encore, la cosmétique joue un rôle clé dans la construction de la qualité de vie, elle est indissociable du bien-être. Elle ne saurait être toute la solution mais elle aide à se sentir en accord avec soi-même1 ».
S’occuper de soi, se faire plaisir, « être » vis-à-vis de l’autre est donc plus qu’un désir, c’est un besoin. La cosmétique renvoie ainsi à des questions fondamentales sur la dignité humaine. Car elle n’intègre pas uniquement le maquillage ou le soin mais inclut aussi l’hygiène. Elle ne vise pas que la beauté mais également le besoin et le plaisir d’être propre. Hygiène et beauté contribuent naturellement, tout autant l’une que l’autre, au bien-être et à l’estime de soi.
Des femmes ont souffert, à certaines époques et souffrent encore dans certaines contrées, de l’interdiction de se maquiller. Nous pouvons imaginer, pour tous et plus particulièrement pour ces femmes, mais aussi pour celles démunies ou migrantes, combien il doit être difficile voire insoutenable d’être privées de la capacité voire du droit à prendre soin de soi.
Comme le souligne Nicole Rouvet, secrétaire nationale du Secours populaire France, outre la satisfaction des besoins primaires, développer l’usage normal des cosmétiques chez les personnes aidées est essentiel. « C’est notamment ce qui leur permet d’être fières d’elles-mêmes ».
Nous savons aussi combien il est fondamental pour des femmes atteintes de maladies de retrouver du bien-être, de la lumière, de la chaleur, de la confiance aussi, grâce aux soins cosmétiques.
A cet égard, j’ai une pensée particulière pour les bénévoles et permanentes de l’Association Belle et Bien qui offre un atelier de soin et de maquillage aux femmes qui luttent contre le cancer, grâce au concours du secteur cosmétique.
Plus globalement, en cette journée des droits des femmes, je ne peux que souligner la nécessité du respect des femmes et de leur droit de décider pleinement de leur apparence et de leur bien-être. Respect de leur liberté d’exister, comme elles le veulent, singulières et plurielles, sans souffrance ni pression d’une autorité quelle qu’elle soit. Si la cosmétique sert toujours la séduction entre les êtres, elle est bien plus, elle est avant tout l’un des supports du droit d’« être soi ».
Patrick O’Quin
Président de la FEBEA
1 In « Rapport de l’empreinte culturelle du secteur cosmétique », FEBEA 2017