Présidé par M. Roland Lescure, Ministre délégué à l’Industrie, le Comité de la filière cosmétique s’est tenu le 17 novembre, à Bercy au Ministère de l’Economie, des Finances, et de la Souveraineté Industrielle et Numérique. Organisé par le pôle de compétitivité COSMETIC VALLEY et la FEBEA (Fédération des entreprises de la beauté) cette réunion s’est tenue en présence d’une trentaine de représentants de la filière issus, ce qui fait son identité et sa singularité, de tous les maillons de la chaîne de valeur et d’entreprises de toutes les tailles, du Médiateur des Entreprises ainsi que, pour la première fois, des représentants des ministres du Commerce extérieur, de la Transition écologique et des Outre-mer. Cette quatrième édition du comité a permis d’échanger sur les défis rencontrés par les industries cosmétiques en matière de transition écologique et numérique, d’innovation technologique, d’attractivité des métiers, d’export et de compétitivité. Elle a été, notamment, l’occasion de présenter au Ministre et aux services de l’Etat plusieurs projets structurants impliquant partenaires publics et privés.
Transition écologique : lancement d’une stratégie de décarbonation et valorisation de la biodiversité ultramarine avec le déploiement de la « cosmétopée »
Après un rappel par Hervé Navellou, président de L’Oréal France, de l’engagement de la filière pour accélérer sa transition écologique et de l’importance des investissements mobilisés, Philippe d’Ornano, président de Sisley, a défini les enjeux de réduction des émissions carbone et annoncé l’élaboration par la filière d’une stratégie climat. Lancée par la FEBEA et le cabinet Carbone 4, cette stratégie visera à estimer les émissions carbone de la filière puis à élaborer une feuille de route de réduction des principaux postes d’émission. Publiée début 2024, cette stratégie climat sera déployée en plan d’actions dans les six mois qui suivront.
Jean-Paul Berthomé, président d’Expanscience, a pu rappeler l’importance croissante du défi que représente la baisse de la consommation d’eau, ressource essentielle en cosmétique, tant pour la formulation que la production et l’utilisation.
Célestin Nitowski, représentant de la PME Bio Stratège Guyane, a ensuite présenté l’engagement de la filière sur les territoires ultramarins pour en préserver la biodiversité et mieux la mettre en avant. COSMETIC VALLEY déploie depuis plusieurs années un programme de valorisation de la « cosmétopée ». Il vise à une meilleure connaissance des plantes traditionnellement utilisées en cosmétique à travers le monde et à favoriser le développement de filières durables, notamment dans les territoires ultramarins, en partenariat entre les écosystèmes locaux. Ce programme est déployé en partenariat avec les universités et collectivités locales. La « cosmétopée » est ainsi un vecteur de recherche, de formation, d’engagement durable et de développement économique pour les territoires. Outre le travail de ses deux antennes déjà ouvertes en Guyane et en Martinique, et de partenariats dans l’Océan Indien à la Réunion et bientôt à Mayotte, COSMETIC VALLEY a annoncé le déploiement de ces dispositifs qui offrent une vision très positive des économies locales dans l’ensemble des territoires ultramarins d’ici 2030.
Emploi et formation : accueillir 30 000 personnes dans la filière d’ici 2025
Les questions d’emploi et de formation, plus particulièrement les difficultés du recrutement ou la reconnaissance des métiers de la filière, ont été abordées par Pierre Juhen, président de la jeune ETI Patyka et par Xavier Gagey, président du Groupe Pochet. Pour y répondre, la filière cosmétique lance une plateforme digitale accessible à l’ensemble des entreprises, des opérateurs de l’emploi et de la formation et du grand public. En parallèle, les industriels ont souligné l’urgence de renforcer l’attractivité des métiers de la cosmétique : c’est l’objet d’une campagne de communication grand public, « Cosmetic Expérience Tour Acte 3 », portée par COSMETIC VALLEY et plusieurs marques, et qui se déploiera début 2024 avec un objectif ambitieux : insérer ou réinsérer professionnellement 30 000 personnes d’ici 2025.
« Fabriqué en France » : poursuivre la relocalisation des achats et l’intégration de la filière
Au-delà du « Fabriqué en France », la filière souhaite aussi s’engager dans la relocalisation de certains achats stratégiques qui ont été identifiés par une étude PwC dévoilée lors du comité de filière de 2021. Parmi ces intrants prioritaires figurent les emballages plastique, en raison d’une pénurie et d’un manque de compétitivité des fabricants de moules français. Une médiation entre donneurs d’ordre et fournisseurs a été lancée, dont l’avancement a été présenté par le Médiateur des Entreprises Pierre Pelouzet pendant la réunion.
Dans la même dynamique d’intégration, la filière annonce le lancement des travaux de configuration d’une interprofession sur les plantes à parfums afin de reconnaître le statut particulier des plantes utilisées en cosmétique et de coordonner le dialogue entre les acteurs.
Export : création d’ambassades sectorielles dans les marchés clés
Les enjeux de l’export ont été présentés par Gabrielle Saint-Genis Rodriguez, présidente de Guerlain. Il s’agit, dans un marché fortement concurrentiel, un contexte géopolitique complexe et de tensions commerciales, à la fois, d’exploiter le potentiel des marchés export tout en protégeant efficacement les savoir-faire français. Si la cosmétique française représente le 3ème contributeur à l’excédent de la balance commerciale, son leadership est de plus en plus challengé par des concurrents étrangers économiquement solides, technologiquement puissants, appuyés par des stratégies publiques ambitieuses. L’évolution de la réglementation chinoise est une préoccupation de l’ensemble des industriels du secteur. La structuration de l’influence de la filière au sein des marchés à haut potentiel, très concurrentiels, devient donc indispensable. C’est l’objet de la création d’ambassades sectorielles de la parfumerie-cosmétique présentée par Jean-Yves Berthon, président de Greentech : la première sera lancée en Chine à Shanghai en 2024, suivie d’autres créations en Corée du Sud, aux Etats-Unis et au Japon. En complément de la stratégie nationale « Osez l’export », des actions déjà menées par les services de l’Etat et Business France, l’objectif est d’animer sur ces marchés une « communauté business » dynamique et audacieuse.
Pour Roland Lescure, Ministre délégué à l’industrie
« Ce comité de filière illustre la volonté des pouvoirs publics d’accompagner la structuration de la filière et d’identifier, avec les acteurs de la cosmétique, les projets d’avenir. A quelques jours de la semaine de l’industrie, ce comité permet également de mettre en valeur une filière de fabrication française sur l’intégralité de la chaine de valeur, des arômes à la distribution. L’accent a été mis cette année sur trois thématiques essentielles que sont la transition écologique, la compétitivité et la cohésion de la filière ainsi que l’international, et sur lesquelles les acteurs de la filière ont des projets ambitieux et structurants. »
Pour Marc-Antoine Jamet, président de Cosmetic Valley :
« Notre comité de filière s’installe. Il est devenu régulier et davantage représentatif, plus concret et mieux suivi. Il « s’interministérialise » dans une approche à 360° des sujets qui sont aujourd’hui stratégiques pour un secteur majeur de l’économie française. Je me réjouis de la cohésion, la consistance et la cohérence des entreprises privées et du partenariat renforcé avec la puissance publique que cela permet. Notre secteur est innovant, performant, mais aussi soumis à des défis économiques, géopolitiques, technologiques et sociétaux importants – les transitions écologique et numérique, les tensions sur l’emploi, un environnement international marqué par les crises et les conflits – que nous ne pouvons relever qu’ensemble. Pour rester leader, il faut changer de rythme et d’échelle, investir dans les sciences dures et s’appuyer sur notre soft power. C’est ce que fait notre comité de filière ».
Pour Emmanuel Guichard, Délégué général de la FEBEA :
« Ce comité de filière incarne l’excellence de la cosmétique française, qui s’appuie sur une chaîne de valeur entièrement implantée en France, des ingrédients aux marques. Cette réunion a marqué la volonté de l’ensemble des acteurs de renforcer encore l’intégration de la filière et son engagement dans la transition écologique à travers des projets stratégiques comme le lancement d’une feuille de route pour la décarbonation et la relocalisation de certains achats et le développement de l’accès à l’emploi ».