Applications mobiles

Les applications mobiles

Les applications ne tiennent pas compte du dosage exact d’un ingrédient : or c’est lui qui est déterminant pour le critère risque pour la santé. Elles ne tiennent pas compte non plus de l’efficacité de l’ensemble d’une formule, qui est tout de même un critère plus qu’important pour les consommateurs ! Certains ingrédients peuvent donc être pointés du doigt inutilement, entrainant la confusion.
La Directrice des affaires scientifiques et règlementaires de la FEBEA, nous apporte des réponses sur les applications mobiles.

Les applications sur mobiles qui analysent les produits cosmétiques sont-elles à jour ?

Tout d’abord, il existe plusieurs applications mobiles avec des fonctionnements différents. Certaines utilisent comme point d’entrée le scan du code-barres afin d’identifier le produit que tient le consommateur, d’autres prennent en photo la liste INCI pour reconnaitre les ingrédients présents dans le produit. Ces deux méthodes ne sont cependant pas sans faille.

  • Le code-barres (code EAN), peut correspondre à des formules différentes. En effet, le code-barres ne sert pas à identifier un produit, mais à informer le distributeur sur des indications logistiques. Cela pose un problème car les produits cosmétiques évoluent avec la réglementation (depuis le règlement cosmétique de 2013, il y a eu plus de 70 modifications des annexes du Règlement Cosmétique) ou bien du fait des marques et de leurs initiatives de nouvelles formulations. On peut ainsi, via le seul code-barres, avoir une analyse erronée, car elle ne présente pas l’analyse de la formule testée. La FEBEA travaille actuellement à ce que le code EAN puisse évoluer de concert avec un changement de formule.
  • Pour l’identification de la liste INCI par photo, ce sont les produits cylindriques et de petite taille qui posent problèmes, car la liste INCI n’est pas forcément lisible par cette identification.

Un autre point à prendre en compte est la qualité des bases de données des applications. Les bases de données dites participatives, telles que « Open Beauty Facts » ont été saisis par des consommateurs. Il suffit qu’une donnée soit erronée dans la base pour que le résultat de l’application mobile soit faussé.
Globalement, il faut savoir qu’il y a près de 800 000 produits cosmétiques sur le marché européen. Tous ne sont donc pas recensés dans les applications, qui en annoncent 120 000 au maximum. Chaque année, il y a 1/3 de produits dont la formule change et 10% de produits nouveaux. C’est donc un redoutable défi pour ces applications que d’être parfaitement à jour pour répondre aux consommateurs qui les utilisent !

Comment se fait l’évaluation des produits cosmétiques pour aboutir aux notations ?

Les méthodologies d’analyse sont variées, sources scientifiques, tests, algorithmes…le tout est de savoir si ce qui s’affiche aux consommateurs est vraiment fondé. On note d’ailleurs qu’en ayant fait des essais sur plusieurs produits, on peut aboutir, d’une application à l’autre, à des résultats différents. Un même produit solaire que nous avons soumis aux différentes applications, a été classé mauvais, moyen et bon. De plus, les applications ne tiennent pas compte du dosage exact d’un ingrédient : or c’est lui qui est déterminant pour le critère risque pour la santé. Elles ne tiennent pas compte non plus de l’efficacité de l’ensemble d’une formule, qui est tout de même un critère plus qu’important pour les consommateurs ! Certains ingrédients peuvent donc être pointés du doigt inutilement, entrainant la confusion.

Si les applications répondent à des attentes de transparence tout à fait légitimes, elles se doivent maintenant d’assurer une information réelle et juste auprès des consommateurs pour un choix et une utilisation éclairés des produits cosmétiques.

Un bon exemple : des produits sont parfois mal notés parce qu’ils ne correspondent pas à la catégorie d’utilisateurs : un produit de rasage noté en rouge pour les enfants (évidemment, ce produit n’est pas destiné à cette cible). Notre fédération œuvre à plus de liens avec les éditeurs d’applications pour justement leur permettre d’assurer une information fiable.

Rappelons aussi que l’industrie cosmétique n’a pas attendu les applications pour suivre scrupuleusement ou anticiper la réglementation. La réglementation européenne est drastique, les produits sont extrêmement contrôlés avant toute mise sur le marché. Il n'est mis sur le marché que ce qui est sûr pour la santé du consommateur, avec une évaluation faite dans des conditions normales d’utilisation. Il y a, en plus des obligations pour les fabricants, des autorités de santé comme l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), des contrôles de la DGGCRF, et des organismes d’évaluation indépendants comme le Comité Scientifique pour la sécurité du consommateur. Le CSSC réunit 15 experts indépendants chargés d’évaluer les substances cosmétiques avec pour mission : de confirmer la sécurité d’un ingrédient, de demander à réduire sa concentration maximale ou encore de demander son interdiction. Ces avis permettent à la Commission européenne et aux Etats membres de faire évoluer régulièrement la réglementation.

Que pensez de cette classification du risque dans les applications ?

Il y a dans les applications plusieurs catégorisations du danger :

  • selon les ingrédients : "aucun danger", "risque limité", "risque moyen", "risque significatif" ; ou bien "controversé", "pas terrible", "satisfaisant", "bien" ;
  • selon la population : tout petits, femmes enceintes, enfants adolescents, adultes) ;
  • selon les effets : les irritations, les allergies, les perturbateurs endocriniens, les effets cancérogènes. Alors oui, des irritations et allergies sont possibles. La liste INCI permet justement l’information des consommateurs allergiques sur la composition du produit. Et non, contrairement à ce qui circule à foison, il ne peut y avoir de perturbateur endocrinien avéré dans un produit cosmétique.

Les applications ne prennent pas en compte le risque mais le danger : un lion dans la savane fait courir un danger au chasseur, mais un lion au zoo ne présente pas de risque pour les visiteurs.

La classification « du danger », ne prend pas en compte la dose utilisée. Il est bien évident que les fabricants surveillent et créent leurs formulations pour des doses sans risque.

Pour conclure, nous comprenons totalement que les consommateurs veulent savoir ce qu’il y a à l’intérieur d’un produit cosmétique, c’est légitime. Les marques cosmétiques en ont pleinement conscience et sont à même de leur répondre précisément, s’ils se posent des questions et veulent être rassurés. Chacun souhaite des produits sûrs, pour assurer à tous cette mission de bien-être et de santé publique qu’apporte la cosmétique. Et la FEBEA se positionne comme interlocuteur naturel des éditeurs d’applications pour augmenter la fiabilité de leurs mesures scientifiques et notations.